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L’activus benevolus, communément appelé "bénévole", est un mammifère que l’on rencontre surtout dans les associations. Le bénévole répond à un signe mystérieux appelé "convocation" et rejoint ses congénères, de manière plus ou moins disciplinée, lors de réunions. On le rencontre aussi dans un groupe de trois ou quatre, dans divers endroits, quelquefois tard le soir, l’oeil hagard et le cheveu en bataille, s’écharpant ferme avec ses semblables à propos du choix de l’avant-centre, du prix de la cotisation ou de la taille des sandwichs.
Le téléphone et le désormais fameux  "groupe WhatsApp" sont des outils très prisés par le bénévole. Ils lui permettent de débattre et de régler quelques-uns des nombreux problèmes qui se posent au jour le jour.
Le bénévole ne compte jamais son temps et son argent pour vivre pleinement sa passion et permettre à de nombreux enfants de se divertir intelligemment. Aussi, il n’est pas rare qu’il essuie un impitoyable retour de bâton de la part de son épouse ou sa compagne, du style "De toute façon, t’es jamais là !"
L’ennemi héréditaire du bénévole est le "yaqua" (nom populaire) dont les origines n’ont pu être à ce jour déterminées. Le "yaqua" est également un mammifère bipède mais celui-ci se caractérise surtout par un cerveau très petit qui ne lui permet de connaître que ces quelques mots : "Y a qu’à", ce qui explique son nom. Il lui arrive d’ajouter "Faut qu’on".
Le "yaqua", tapi dans l‘ombre, à l’abri de toute attaque, attend. Il attend tranquillement le moment où le bénévole oubliera quelque chose ou commettra une erreur. La boulette, la bévue, la cagade…
C’est le moment choisi par le "yaqua" pour bondir et cracher son venin, oralement ou par écrit, lequel atteindra son adversaire et provoquera chez lui une maladie très grave : le "découragement". Les premiers symptômes de cette maladie implacable sont visibles très rapidement : absences de plus en plus fréquentes aux réunions, renouement avec ses enfants ou petits-enfants, intérêt croissant pour le jardin ou la pêche et attrait de plus en plus vif pour le canapé et la télévision.
Les bénévoles, décimés par le syndrome du découragement, risquent de disparaître et il n’est pas impossible que, dans quelques années, on les rencontre uniquement dans les zoos où, comme tous les malheureux animaux enfermés, ils n’arriveront plus à se reproduire. Les "yaqua", avec leurs petits cerveaux et leurs grandes langues, viendront leur lancer des cacahuètes pour tromper leur ennui. Ils se rappelleront avec nostalgie du passé pas si lointain où le bénévole abondait et où on pouvait le traquer sans contrainte.